Auteure : Anne Dufour, conceptrice pédagogique à l'AFÉSEO

Nager à contrecourant

im art 22mars Enfant parent eau, Jan Kopřiva Pexels
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À l’AFÉSEO, nous réfléchissons beaucoup, tout le temps, sur toutes sortes de sujets. Chaque personne apporte avec elle son bagage de connaissances et de causes qui lui tiennent à cœur. Lorsque mon collègue Laurent est arrivé dans l’équipe provinciale, nous étions tellement heureuses d’avoir enfin un homme dans notre équipe, avec une perspective bien à lui, et qui plus est, un passionné de jeu extérieur. Nous ne nous doutions pas qu’il allait aussi amener avec lui de si profondes et passionnantes réflexions sur le sujet de la place des hommes en petite enfance.

Toutes ces conversations au sein de notre équipe m’ont donné envie d’aller creuser encore un peu plus loin.

Retournons quelques années en arrière…

Je me souviens très bien, lorsque je travaillais à temps plein dans un centre éducatif, alors que je passais la journée avec mon collègue Manu.

Je me rappelle la joie des enfants lorsqu’ils le voyaient arriver, avec ses chansons entraînantes, surtout celle des « légumes au clair de lune » (qu’est-ce que nous avons dansé!), les heures passées à rire et à apprendre ensemble. Pour ma part, travailler avec Manu, cela voulait dire passer du temps de

qualité avec une personne authentique, dynamique et bienveillante, qui avait toujours le bien-être de l’autre à cœur. Ces journées-là avaient une saveur de légèreté et de facilité. Il savait tisser des liens avec les enfants, avec les familles et avec ses collègues et il était prêt à s’engager à fond dans de nouveaux défis. Il a accepté avec joie de sortir de sa zone de confort, de faciliter des groupes de jeux et même de combiner ses deux passions en donnant des cours de cuisine aux enfants du parascolaire. Quel succès, ces cours de cuisine!

Après avoir passé récemment du temps avec trois hommes de nos centres de leadership, je comprends un peu mieux pourquoi ils ont choisi ce métier. Il y a Manu, toujours fidèle au poste, Alan, qui commence sa carrière et sera bientôt EPEI, et Éric qui a fait une reconversion professionnelle dans les derniers mois et qui apporte avec lui un bagage d’expérience et de connaissances multiples dans le domaine de l’accompagnement.

Je les ai questionnés sur ce qu’ils aimeraient communiquer aux jeunes (ou moins jeunes) hommes qui pensent se lancer dans cette carrière si gratifiante. Ils ont suggéré de les encourager à foncer et à sortir du cadre. Ce moule qui nous dirige souvent vers certaines professions, selon que nous sommes des hommes ou des femmes. Il faut du courage pour se lancer, faire tomber les barrières et aller à contrecourant. Tout un défi! Mais une fois lancés, c’est un métier rempli de moments de jeu, de bonheur et de croissance qui nous attend.

À la suite de mes observations et de nos discussions, je me suis posé la question suivante : Est-ce vraiment différent, un homme ou une femme en petite enfance?

Bien sûr, nous savons que le fait d’avoir un modèle masculin positif auprès des enfants leur est énormément bénéfique et qu’il est important que nos services à l’enfance soient représentatifs de la société. La notion d’inclusion ne nous échappe pas.

Nous pourrions dire aussi que les hommes sont plus ceci ou plus cela, ou que les femmes sont plus ceci ou plus cela. Mais attention aux stéréotypes! Pourquoi creuser un écart et faire des comparaisons alors que nous pouvons mettre l’accent sur ce qui nous rassemble?

Au fond, ce dont nous avons besoin dans notre domaine, ce sont des personnes bienveillantes, professionnelles et passionnées qui mettent l’enfant au cœur de toutes leurs décisions. Des personnes qui ont compris que la petite enfance est une période déterminante dans le développement de chaque être humain et que chacun de nos gestes et chacune de nos paroles exercent une influence sur les petits adultes en devenir que nous accompagnons au quotidien. 

La petite enfance, c’est une vocation (c’est Manu qui l’a dit!) Pour continuer votre réflexion, nous vous invitons à vous poser les questions suivantes :

Comment faire en sorte que la petite enfance soit présentée comme une possibilité de carrière épanouissante et enrichissante, quel que soit notre genre, notre culture ou notre unicité?

Comment nous assurer que les hommes qui sentent l’appel de cette vocation se sentent à l’aise de faire ce pas vers une profession remplie de joies et d’apprentissages, sans que ce parcours soit entaché de préjugés et de stéréotypes?

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