Cette recherche innovante a souligné l’importance du développement de la communication orale en français dès la petite enfance, tout en proposant un programme de formation continue destiné aux éducatrices et éducateurs de la petite enfance. En tant que communauté, nous avons la possibilité de soutenir chaque enfant francophone dans le développement de ses compétences langagières en français, même en contexte minoritaire. Toutefois, cela requiert un plan structuré, une stratégie fondée sur des preuves empiriques, ainsi qu’un engagement du personnel éducatif, des cadres et des familles.
Les locuteurs francophones qui vivent en contexte linguistique minoritaire au Canada sont exposés à la langue anglaise en permanence (Laflamme et Reguigui, 2003 ; Mayer-Crittenden et al., 2013), ce qui pose un défi quant à la préservation de leur langue première ou maternelle. Le nombre de familles exogames en Ontario est à la hausse, soit de 56,5 % en 1991 (Statistique Canada, 2011) à 69,5 % en 2016 (Satistique Canada, 2016), ce qui a pour résultat un nombre croissant d’effectifs anglodominants (enfants dont la langue dominante est la langue anglaise) dans les centres de la petite enfance de langue française. L’objectif de cette recherche-action était d’évaluer l’efficacité d’un plan élaboré pour soutenir les enfants dans l’acquisition de la langue française, en tenant compte de leur profil linguistique (exposition à la langue française à la maison) et de leurs difficultés éventuelles en langage.
La recherche-action a impliqué 52 enfants âgés de 18 à 48 mois qui fréquentaient un centre de la petite enfance en contexte linguistique minoritaire au nord de l’Ontario. Les parents ont rempli deux formulaires : un suivi d’exposition aux langues et le Language Use Inventory (O’Neill, 2002). Les 52 enfants ont été classés dans l’un des quatre profils linguistiques en fonction de leur niveau d’exposition au français : profil A – une exposition minimale (n = 12), profil B – une exposition satisfaisante (n = 11), profil C – une exposition propice (n = 11) et profil D – une exposition majoritaire (n = 18). Treize enfants (n = 13) présentaient également des difficultés langagières potentiellement liées à un trouble du langage.
L’étude comprenait une intervention dans cinq sites (groupe expérimental) où l’équipe de chercheuses s’est rendue à quatre reprises pour modéliser des stratégies de stimulation du langage ciblées (CSAP, n.d.), permettant aussi aux éducateurs de poser des questions et formuler des recommandations. Les six autres sites ont servi de groupe contrôle.
L’observation a révélé que les membres du personnel éducateur maîtrisaient environ 80 % des stratégies, notamment se mettre à la hauteur des enfants, suivre leur intérêt et nommer les objets dans leur environnement. Cependant, certaines stratégies, telles que l’autoverbalisation (parler à voix haute de ce que l’adulte fait), la verbalisation parallèle (parler à voix haute de ce que l’enfant fait), la création d’occasions de communication et l’allongement/enrichissement des énoncés, nécessitaient davantage de soutien. En ce qui concerne les parents, ces derniers ont reçu des ressources à la maison pour les aider à trouver des occasions d’exposition à la langue française. Certaines familles ont dit ne pas avoir eu l’occasion de consulter les ressources, tandis que certaines les ont appréciées. Les chercheuses analysent maintenant les données relatives aux compétences langagières avant et après l’intervention et songent à de différentes façons d’impliquer les parents et de les sensibiliser à l’importance d’exposer davantage leurs enfants à la langue française au foyer.
Dans le cadre de cette recherche-action, des entrevues ont été menées auprès du personnel éducateur des cinq sites du Carrefour francophone de Sudbury. L’objectif de cette phase de l’étude était de recueillir les perspectives des membres du personnel éducateur sur le développement professionnel et sur les stratégies de stimulation du langage qui leur avaient été présentées. Vingt-deux membres du personnel éducateur ont participé à une entrevue d’environ trente minutes, durant laquelle il ou elle a répondu à quinze questions ouvertes, permettant de recueillir des données qualitatives et de recevoir leur rétroaction, positive ou négative, sur l’efficacité du programme de perfectionnement professionnel.
Les résultats préliminaires ont révélé que, bien que les stratégies proposées aient été appréciées, les membres du personnel éducateur souhaitaient disposer de plus de ressources pour mieux soutenir les enfants dans l’acquisition du français. De plus, ils ont suggéré certains redressements dans la séquence des activités, par exemple, une formation de trois heures avant les visites sur les sites. Cette rétroaction contribue à améliorer et à adapter les formations pour mieux répondre aux besoins des éducateurs travaillant auprès des enfants d’âge préscolaire dans les centres de la petite enfance en contexte linguistique minoritaire.
La prochaine étape de ce projet de recherche consistera à analyser les données recueillies lors des entrevues à l’aide d’un logiciel spécialisé, afin d’identifier les éléments ayant contribué au succès du programme de perfectionnement professionnel, ainsi que ceux nécessitant des ajustements. Les résultats finaux de cette analyse seront bientôt disponibles, offrant des perspectives enrichissantes pour améliorer le soutien linguistique en contexte préscolaire – restez à l’écoute pour la suite !
Cette recherche innovante a souligné l’importance du développement de la communication orale en français dès la petite enfance, tout en proposant un programme de formation continue destiné aux éducatrices et éducateurs de la petite enfance. En tant que communauté, nous avons la possibilité de soutenir chaque enfant francophone dans le développement de ses compétences langagières en français, même en contexte minoritaire. Toutefois, cela requiert un plan structuré, une stratégie fondée sur des preuves empiriques, ainsi qu’un engagement du personnel éducatif, des cadres et des familles.
CSAP, n.d. Stratégies de stimulation du langage. Conseil scolaire acadien provincial. https://sites.google.com/sepne.ca/lastimulationdulangage/accueil
Laflamme, S. et Reguigui, A. (2003). Homogénéité et Distinction », Sudbury, Ontario, Prise de Parole.
Lavoie, É et Houle, R. (2015). Les pratiques linguistiques des enfants de familles francophones vivant à l’extérieur du Québec », Ottawa, Statistique Canada.
Mayer-Crittenden, C. et coll. (2014). Données langagières franco-ontariennes : effets du contexte minoritaire et du bilinguisme, Revue canadienne des orthophonistes et des audiologistes, vol. 38, no 3, 304-324
O’Neill, D. K. (2002). Language Use Inventory for Young Children: An assessment of pragmatic language.
Statistique Canada (2011). Programme du Recensement de 2011, Résultats pour « Ontario », https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/index-fra.cfm..
Statistique Canada (2016). Programme du Recensement de 2016, Résultats pour « Ontario » https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/211014/t001c-fra.htm.
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