Auteure: Véronique Emery, coordonnatrice de projet (AFÉSEO)

À quand la reconnaissance des diplômes?

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Depuis plus de deux ans, l’AFÉSEO travaille sur un projet de recrutement international de personnel éducateur francophone diplômé pour répondre à la pénurie de personnel qui touche notre secteur. Notre objectif est d’appuyer les employeurs en petite enfance dans la sélection et l’embauche de candidates et de candidats qualifiés qui soumettent leur candidature depuis l’international. Le soutien aux employeurs inclut aussi l’intégration professionnelle visant la rétention des personnes embauchées.

Notre approche consiste à identifier des personnes possédant non seulement l’intérêt et la passion pour la petite enfance, mais également les qualifications et les compétences nécessaires pour remplir adéquatement les fonctions d’une éducatrice ou d’un éducateur de la petite enfance.

Et, pour améliorer la rétention de ce nouveau personnel immigrant qualifié, il est essentiel de reconnaître leur diplôme en petite enfance.  Cela leur permettra d’exercer leur profession en Ontario en faisant une demande d’admission à l’Ordre des éducatrices et des éducateurs de la petite enfance (OEPE), l’organisme de réglementation de la profession dans notre province. Toute personne souhaitant porter le titre d’éducatrice ou d’éducateur de la petite enfance (ÉPE) doit en effet devenir membre de l’OEPE.

Or, les éducatrices et éducateurs de la petite enfance diplômés à l’étranger ne peuvent pas accéder à l’OEPE car leur diplôme, obtenu hors de l’Ontario, n’est pas reconnu. Et pour ces personnes, les ressources nécessaires pour que l’Ordre puisse évaluer leur dossier sont considérables : humaines, financières, temps, etc. et ne mènent à rien de concret, puisque l’OEPE les dirigera systématiquement vers les collèges. Par conséquent, cette main d’œuvre qualifiée hésite donc à venir en Ontario ou choisit une autre profession, car le processus de reconnaissance de leur diplôme est long, coûteux, incertain et nécessite des études supplémentaires à leur arrivée en Ontario.  De plus, cette main-d’œuvre arrive avec un permis de travail fermé (dans le cadre du programme de Mobilité francophone), il leur est impossible d’étudier tant qu’ils ont un statut temporaire, ce qui rend difficile, à court terme, d’obtenir les crédits collégiaux nécessaires pour obtenir l’équivalence du diplôme ontarien.

De plus, le bas salaire qu’ils perçoivent à leur arrivée au Canada, en tant qu’aide-éducatrice ou aide-éducateur, ne reflète aucunement les études qu’ils ont réalisées dans leur pays d’origine. Ceci compromet leur établissement et les oblige à vivre dans des conditions difficiles. Aussi, une fois que la main d’œuvre immigrante est arrivée au Canada, il est difficile de lui fournir le soutien nécessaire pour qu’elle réponde aux exigences de l’OEPE. Dans son pays, elle est entourée de son réseau familial et de soutien. Si elle était reconnue par l’OEPE dès son arrivée ou avant (même temporairement), cela améliorerait sa qualité de vie et de ses conditions d’accueil. Par exemple, l’Ordre des enseignants remet aux candidates et candidats qualifiés en enseignement dans leur pays une accréditation temporaire ainsi qu’un délai de 5 ans pour suivre les cours jugés manquants.

Sans compromettre la qualité de nos services, nous croyons qu’il est également possible, en petite enfance, de trouver des stratégies gagnantes facilitant le processus de reconnaissance de la formation obtenue hors du Canada. Si nous pouvions  élaborer un plan en collaboration entre le ministère de l’Éducation de l’Ontario (MÉO), les collèges, l’AFÉSEO et l’OEPE  afin que des groupes identifiés avec des diplômes spécifiques répondent aux exigences de l’OEPE et soient acceptés en bloc (comme c’est le cas au Québec), tout en ayant la condition de  suivre certains cours fondamentaux, cela accélèrerait le processus, motiverait la main d’œuvre immigrante à s’installer en Ontario français, et permettrait  d’économiser du temps et des ressources de part et d’autre.

Nous pensons qu’il est aujourd’hui plus que nécessaire de créer un processus de reconnaissance des diplômes étrangers et de collaborer à l’élaboration d’un programme relais accessible au personnel éducateur qualifié issu de l’immigration. Cela leur permettrait d’accéder à l’OEPE ou de bénéficier d’un processus de certification temporaire avec l’Ordre.

Le MÉO s’est également engagé à assurer une mobilité sans heurts du personnel qualifié provenant de l’ensemble du Canada et de l’international. L’Ontario a d’ailleurs entamé des discussions au sein d’un groupe de travail avec des partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux sur la mobilité interprovinciale et la reconnaissance des titres de compétences étrangers mais nous n’avons pas encore reçu de nouvelles sur l’avancement de ces discussions.

Un autre partenaire important est le GTRIPE, un groupe de travail sur le recrutement international en petite enfance, créé à la suite du salon Destination Canada tenu à Paris et Rabat en novembre 2023 (voir photo).  Ce groupe est composé de représentants francophones de l’Ontario, du Yukon, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, tous engagés dans le recrutement à l’international.

En mai dernier, ce groupe de travail a déposé une demande de financement dans le cadre du PAIF (programme d’appui à l’immigration francophone) pour faire un projet d’Étude sur la reconnaissance des diplômes francophones internationaux en petite enfance pour travailler en contexte minoritaire au Canada.

Comme chaque province ou territoire possède un système spécifique de classification des diplômes basé sur des critères différents, il est très difficile d’obtenir la confirmation de la reconnaissance des diplômes étrangers lors du processus d’embauche international. Ceci est particulièrement vrai pour l’Ontario, où l’OEPE nous renvoie vers les collèges pour évaluer les diplômes étrangers et délivrer à la suite d’une reconnaissance des acquis (RDA) et de cours passerelle le diplôme ontarien.

Le projet d’étude sur la reconnaissance des diplômes en petite enfance en français, obtenu hors du Canada, permettrait à chaque province et territoire de connaître le niveau de classification attribué à une personne diplômée à l’international ou une personne aux études étant prochainement diplômé, avant même que l’employeur et le candidat ne s’engagent dans le processus d’embauche via les programmes de visas d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). De plus, ce projet sera éclairant sur d’éventuels outils de promotion et de recrutement à l’international qui pourraient voir le jour grâce aux efforts concertés des partenaires dans ce domaine.

Nous continuerons de collaborer avec le MÉO, le GTRIPE, l’OEPE, les collèges et tous les autres partenaires au fur et à mesure de l’avancement de ce dossier. La grande question est :

Comment créer un mécanisme qui n’existe pas dans le contexte de pénurie de personnel éducateur formé que nous connaissons, quand nous avons des personnes qualifiées dans leur pays d’origine et désireuses de travailler chez nous? 

Pour de plus amples informations, veuillez communiquer avec veronique.emery@afeseo.ca

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