« Papa, pourquoi il y a un gros bonhomme rouge partout ? » me demande innocemment ma petite Chaymae, 2 ans, lors de notre première promenade dans un centre commercial en décembre. Je souris, un peu amusé et un peu nostalgique, repensant à ma propre surprise lors de notre premier hiver au Canada. Les questions des enfants sont souvent un excellent point de départ pour des échanges culturels riches et parfois inattendus, autant pour les nouveaux arrivants que pour les membres de la communauté d’accueil.
Mes chers amis et amies, laissez-moi vous raconter notre rocambolesque aventure familiale!
Je m’en souviens comme si c’était hier : notre premier hiver au Canada. Ah, le choc! Autant, vous dire qu’on a vite compris ce que « froid polaire » veut dire pour de vrai. Mes enfants, toujours prêts à l’aventure, étaient émerveillés à l’idée de découvrir la neige pour la première fois. Pour ma femme et moi, c’était… disons… une autre paire de manches. Imaginez-nous tous transformés en oignons vivants, avec des couches de vêtements si nombreuses qu’on avait du mal à bouger! Et une fois dehors, c’était le festival : essayer de marcher sur la glace sans finir étalés comme des crêpes – une vraie performance de pingouins maladroits!
Mais je ne vais pas vous mentir, l’hiver canadien nous a aussi offert ses joies et ses moments magiques : faire des bonhommes de neige, glisser sur des toboggans glacés et boire du chocolat chaud après une promenade étaient autant de découvertes qui nous ont permis de nous adapter, tout en créant de nouveaux souvenirs familiaux qui ont rapidement réchauffé nos cœurs.
Cela dit, le choc climatique, aussi impressionnant soit-il, n’était qu’un échauffement. Le vrai défi? Le choc culturel! Se retrouver plongés dans un monde où tout est différent – les traditions, les habitudes, même les sourires des gens (oui, ils sourient dans le froid!) – c’était comme débarquer sur une autre planète. Fascinés, un peu déboussolés, on s’est souvent demandé : « Mais où est notre place ici? »
Décembre, au Canada, c’est une effervescence de lumières, de décorations et de célébrations. Les vitrines scintillent, les chansons de Noël résonnent partout et chaque foyer semble orné d’un sapin décoré avec soin. Chez nous, en tant que musulmans, nous ne célébrons pas Noël et nous n’avons pas de sapin à la maison. Cependant, il était impossible de ne pas être touchés par l’ambiance festive et le sentiment de partage qui règnent à cette période.
Nous avons décidé de vivre le temps des fêtes à notre manière, en profitant de cette période pour rassembler nos proches, partager des repas marocains et briser l’isolement. Ces soirées, où plats et pâtisseries traditionnelles étaient à l’honneur, devenaient pour nous une bouffée d’air chaud dans le froid hivernal. Cela nous a permis de garder nos traditions vivantes tout en nous intégrant dans notre nouvelle communauté.
Pour mes enfants, cette période suscite toujours des questions. Pourquoi leurs amis à l’école décorent-ils des sapins? Pourquoi les chansons parlent-elles de rennes et de traîneaux? À travers leurs yeux, nous avons redécouvert le plaisir d’expliquer nos propres traditions et d’en apprendre davantage sur celles des autres.
Pour ma femme et moi, il y avait un mélange d’émerveillement et de nostalgie. Nous aimions la chaleur communautaire des fêtes au Maroc, mais nous avons trouvé une manière de recréer cette ambiance ici. Et, surtout, nous avons compris qu’accepter les différences ne signifie pas renoncer à nos propres valeurs.
Heureusement, le centre de la petite enfance de nos enfants joue un rôle essentiel dans ce processus d’intégration. Pendant le temps des fêtes, les éducateurs et éducatrices mettent en place des initiatives inclusives qui célèbrent la diversité. Par exemple, au lieu de se concentrer sur Noël, ils organisent des activités autour des thèmes de l’hiver, comme fabriquer des flocons de neige ou écouter des contes d’hiver du monde entier.
Ils valorisent également les contributions des familles en les invitant à partager leurs traditions. Lors d’un atelier parent-enfant, nous avons apporté des habits traditionnels et expliqué leur signification dans nos célébrations. Ces moments sont précieux, car ils permettent à chaque enfant de se sentir vu et entendu dans son identité culturelle.
Enfin, les éducateurs et éducatrices choisissent des approches universelles pour rassembler tout le monde, comme mettre l’accent sur les valeurs de générosité, de solidarité et de partage ou la lumière, la joie et l’hiver.
Ces initiatives montrent que vivre pleinement le temps des fêtes n’exige pas d’abandonner ses traditions, mais de trouver des points de convergence qui rassemblent tout le monde, tout en respectant les traditions de chacun et chacune.
En tant que parent et nouvel immigrant, je sais à quel point les débuts peuvent être déroutants. Mais, avec un peu de patience et beaucoup d’ouverture, il est possible de transformer ce choc culturel en une belle aventure. Voici quelques conseils que j’aimerais partager, tirés de notre expérience.
De plus, pour vos enfants, ces interactions sont essentielles. Jouer avec des enfants d’autres origines leur apprend dès le plus jeune âge à être ouverts, tolérants et fiers de leurs propres racines. N’oubliez pas que la richesse de l’intégration réside dans la réciprocité. Ces relations, basées sur l’échange et le respect mutuel, sont une magnifique façon de bâtir des ponts entre les cultures. Alors, osez! Vous serez surpris de voir à quel point ces expériences peuvent être très enrichissantes pour vous et votre famille.
S’intégrer dans un nouveau pays, c’est apprendre à naviguer entre deux cultures, à trouver un équilibre entre ses racines et les nouvelles traditions. Pour nous, le temps des fêtes est devenu une période où nous célébrons cet équilibre : préserver nos coutumes marocaines, tout en embrassant les nouvelles expériences offertes par le Canada.
Alors, si vous êtes un jour invités chez une famille de nouveaux arrivants et que vous y trouvez un mélange de tajine, de thé à la menthe et de chocolat chaud, vous saurez que l’essentiel n’est pas dans les traditions elles-mêmes, mais dans les liens qui nous unissent.
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