Pendant la célébration du programme Aventure andragogique, j’ai remarqué qu’une personne s’est démaquée en faisant appel à de bonnes pratiques pédagogiques pour appuyer son équipe. Je me suis alors demandé comment une superviseure accompagne la pédagogie au quotidien. Quelles sont les actions qui démontrent que la pédagogie est prioritaire dans nos centres de leadership?
J’ai donc rencontré Nicole Sabourin pour lui poser quelques questions. J’espère que ses bonnes pratiques sauront inspirer d’autres personnes en rôle de supervision.
Nicole, peux-tu te présenter?
Je me nomme Nicole Sabourin et je suis superviseure au centre de leadership Soleil des petits, site Rose des vents à Cornwall.
Nicole, en tant que superviseure, quel rôle as-tu joué dans l’aventure andragogique?
“Ce programme de formation était nouveau pour nous et on était curieuses. Nous sommes embarquées dans l’aventure sans trop savoir ce qui nous attendait. Je n’ai pas pris le rôle de leader ou le rôle de celle qui prend en charge. J’ai plutôt donné la place à mes deux éducatrices. Pendant l’aventure, j’ai aussi parfois pris un peu plus de recul, pour leur donner la place d’être des leaders. Notre focus a été sur la communication de l’équipe. J’ai encouragé et modelé le principe d’essais et d’erreurs. Je crois que l’on apprend beaucoup de nos erreurs et cette réflexion nous permet de nous réajuster. J’étais présente tout au long du programme, j’ai participé aux formations avec mon équipe et aussi à tous les accompagnements.”
Quelles conditions as-tu mises en place pour appuyer ton équipe dans leur apprentissage?
“L’an passé, j’ai commencé à faire une rencontre virtuelle par semaine pendant la pause du diner avec l’équipe qui accompagne les bambins et l’équipe des préscolaires. Je me suis rapidement rendu compte que ceci créait une division avec l’équipe des parascolaires. Avec le début d’Aventure andragogique, nous avons changé ça. La rencontre a encore lieu une fois semaine, mais elle est destinée à l’équipe entière. Elle n’est pas obligatoire et pourtant, la majorité de l’équipe se présente à chaque semaine. Pour moi, ça me démontre leur engagement. Depuis Aventure andragogique, je partage la facilitation de cette rencontre avec l’équipe. On parle de pédagogie, de nos objectifs de projets, on utilise le contenu vu pendant les formations et on prépare des surprises pour engager toute l’équipe dans les réflexions. Évidemment, ça prend du temps pour préparer tout ça. Je donne donc du temps à mes deux éducatrices pour préparer ces rencontres. Je partage les tâches et les responsabilités, c’est une bonne façon de faire du leadership partagé. Ça m’a aussi permis de voir mes éducatrices rayonner et démontrer du leadership. J’ai aussi appris à mieux les connaitre et à créer des liens de confiance encore plus solides.”
Parle-moi un peu plus du leadership partagé et comment tu vois ça avec ton équipe.
“J’offre beaucoup de temps et d’occasions pour la réflexion, je ne donne pas la réponse! Quand une personne vient me voir avec un défi ou un problème, je lui demande tout d’abord : “Qu’est-ce que tu proposes?” Je veux les rendre autonomes et j’ai confiance qu’elles peuvent trouver par elles-mêmes les réponses à leurs questions. C’est un apprentissage; au début, elles me répondaient “C’est plus facile si tu me donnes la réponse.” Elles ont raison, mais ma solution ne s’appliquera pas nécessairement à ton besoin. Je suis disponible pour discuter et réfléchir avec mon équipe pour que l’on trouve une réponse commune quand c’est nécessaire. Maintenant, mon équipe arrive prête en me disant : “Voici mon problème et voici mes solutions”. On doit faire ça avec les enfants, donc, je modèle ceci : faire une enquête, se poser des questions, faire des essais et des erreurs. C’est donc une bonne façon de modeler la pédagogie. Je pense aussi que lorsqu’on fait partie de la solution, on évite la résistance au changement.”
Quels ont été les défis rencontrés et comment les avez-vous surmontés?
“Évidement, le manque de personnel est un défi. On planifiait des temps de rencontres pour travailler en petite équipe, on réorganisait l’horaire et… ça tombait à l’eau. Il a fallu qu’on se réajuste et qu’on soit créatives pour surmonter ce défi. Un autre défi intéressant a été de faire le focus sur les membres de l’équipe qui démontrent de l’engagement et pas sur la minorité qui est plus difficile à accrocher. Mes deux éducatrices qui participaient à Aventure andragogique avaient la conviction que tout le monde devait être engagé à 100%, ça a permis de beaux apprentissages. On a fait les liens avec leur rôle auprès de l’enfant. Nous avons eu des conversations authentiques et très riches. Les deux éducatrices disaient : “On n’a pas fait ça comme il faut.” et “Ils n’ont pas compris.” lorsqu’elles ressentaient un manque d’engagement. C’est une équipe très perfectionniste et le résultat final était très important pour elles. Ça a été une belle occasion pour nous d’en discuter et de trouver des stratégies ensemble pour faire le focus sur les gens qui sont engagés et voir les succès.”
Comment faire place à la pédagogie dans un service éducatif à l’enfance?
“Elle a toujours eu une grande importance chez nous. C’est la raison pourquoi on est ici. J’encourage beaucoup l’équipe à développer leurs propres outils, à approfondir les connaissances et à créer une uniformité au sein des groupes. Par exemple, Storypark est intégrée dans notre pratique. J’ai délégué la tâche de réviser les documentations pédagogiques à deux personnes de mon équipe pour qui c’est une force. J’encourage toute l’équipe à faire 4-6 histoires d’apprentissage par mois. Lorsque j’embauche du nouveau personnel, je dois leur parler de pédagogie, je leur présente les attentes en lien avec la pédagogie. C’est un processus, il faut prendre le temps. Les gens sont intimidés par ceci au début, mais on prend ça un pas à la fois. Lorsque je vois de la résistance, j’apporte la conversation à l’équipe et on réfléchit ensemble pour modifier le processus. Il faut donner le contexte à l’équipe, c’est mon rôle de transmettre l’information nécessaire à mon équipe pour que la pédagogie en fasse partie.”
Que retiens-tu de cette aventure?
“Ça a passé vite! Ça m’a permis de connaitre mes éducatrices d’un autre côté, de les voir prendre leur place comme leaders, d’être capables de relever de défis. Pendant l’aventure, j’ai été malade et j‘ai dû m’absenter un bout de temps. Elles ont pris la relève! Le lien de confiance que nous avons créé a permis de développer de bonnes pratiques et de partager le leadership. Au début, à notre inscription, malgré la longue durée du programme, j’ai réussi à tout faire entrer dans mon horaire. Puisque j’avais toutes les dates en avance, j’ai mis ça dans mon calendrier et on était préparées pour être 100% présentes. C’était une super belle expérience, j’ai pu fleurir! Ça m’a permis de vraiment laisser mon équipe prendre les devants et de les embarquer et de les encourager dans l’aventure. Je pense aussi que ça a valorisé mon équipe, j’ai appris de nouvelles choses à leur sujet. J’ai aussi aimé voir les autres équipes des autres sites! C’est inspirant de savoir ce que les autres sites font et comment ils mettent en œuvre la pédagogie de leur côté. Ça vaut la peine de s’inscrire et de participer à l’Aventure andragogique! Je le ferai encore avec un autre groupe!”
Et maintenant que l’aventure est terminée, que se passe-t-il?
“Nous avons déjà eu une rencontre pour discuter de la suite, en lien avec notre question de recherche! On veut inclure toute la grande équipe et continuer de créer des liens entre nous en ayant du plaisir. On a besoin de rire et de se sentir confiant. Le feedback que nous avons reçu était très positif, ça nous démontre qu’on a répondu à un besoin, alors on ne lâche pas!”
Je remercie Nicole de son ouverture, de son leadership et du temps qu’elle m’a accordé pour cette conversation authentique. Je repars avec une question : Comment fait-on place à l’apprentissage à tous les jours?
Nous avons besoin de vos commentaires au sujet de nos outils de communication sur le secteur de la petite enfance.