En petite enfance, la gestion d’un service se fait principalement par des éducatrices et des éducateurs de la petite enfance inscrits et inscrites (EPEI), entre autres, parce que le règlement 137/15, découlant de la Loi sur les services de garde d’enfants et la petite enfance (LGEPE), en vertu de l’article 53, stipule que les superviseurs doivent, soit être EPEI, soit être autorisés par le directeur (employé du ministère de l’Éducation). L’intention de cette exigence est logiquement liée au fait que les superviseurs doivent s’assurer que toutes les exigences de ce règlement et celles du Code de déontologie et normes d’exercice de la profession soient respectés.
Dans les faits aussi, les postes de superviseur (responsable d’un site) ou de gestionnaire (direction générale) sont occupés surtout par des EPEI qui gravissent dans les « échelons » avec le temps et l’expérience. Il faut dire que, présentement, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les gestionnaires et superviseurs ont de moins en moins d’expérience comme EPEI avant d’accéder à de tels postes.
Or, plusieurs fonctions à assumer par les gestionnaires de services à l’enfance sont très loin des fonctions d’un poste d’EPEI puisque celles-ci sont principalement administratives.
En voici un résumé. Sans être exhaustif, il représente les principales fonctions à assumer dans un poste de gestionnaire en petite enfance :
Il va sans dire qu’il est très difficile pour une seule personne, sans aucune formation en gestion, d’accomplir toutes ces tâches et ce, particulièrement dès l’entrée en poste.
Par ailleurs, ces fonctions administratives se doivent d’être effectuées non seulement de façon professionnelle mais également de façon à répondre au contexte spécifique du secteur de la petite enfance francophone. Ceci pour permettre à la pédagogie d’être au cœur du travail du personnel éducateur. Par exemple, si un centre a dépensé toute une avance de fond dans des dépenses non admissibles, en vertu des ententes financières avec le gouvernement (SPAGJE), et qu’il doive retourner ces fonds qu’il n’a plus… cela compromet sa viabilité financière, le renouvellement de son permis et sa crédibilité. Ou encore, si un centre embauche toujours en urgence du personnel qui ne répond pas au profil recherché, faute d’avoir un processus de sélection pertinent ou faute d’avoir planifié à moyen et long terme ses besoins de main-d’œuvre, il aura de la difficulté à retenir son personnel éducateur, augmentera son taux de roulement, mettra de la pression sur son rendement financier et augmentera ses risques d’avoir à gérer des « incidents graves », ce qui, éventuellement, pourra compromettre le renouvellement de son permis.
Plusieurs autres exemples pourraient être cités parce que, dans le feu de l’action et dans la gestion des urgences, il est difficile de prendre le pas de recul nécessaire pour réévaluer ses pratiques sans aucun accompagnement pour le faire… « On ne sait pas ce qu’on ne sait pas ». De plus, il est difficile de rendre visibles les coûts engendrés par des pratiques qui ne sont pas nécessairement les meilleures en gestion. Il est facile de « blâmer » les individus qui occupent ces postes quand on ne comprend pas qu’ils n’ont pas toujours l’appui et les ressources nécessaires pour bien faire leur travail.
Évidemment, il n’y a pas de baguette magique. Chaque fournisseur de services éducatifs a son contexte et son histoire, mais les choses doivent évoluer. Les gestionnaires ont de plus en plus de responsabilités administratives à soutenir, particulièrement depuis que le Système pancanadien sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants (SPAGJE) a été déployé. Les attentes sont élevées et les tâches sont de plus en plus spécialisées. Nous devons le reconnaître.
Comment trouver les ressources nécessaires pour améliorer les pratiques administratives? Nous savons que celles-ci permettraient de mieux soutenir la pédagogie. Encore mieux, comment le faire sans avoir besoin de beaucoup plus de financement ?
Depuis quelques années, l’AFÉSEO explore et pilote divers moyens pour accompagner les fournisseurs de services à restructurer leurs pratiques administratives. D’abord, en faisant le bilan de leurs pratiques administratives et ensuite, en proposant une restructuration de leur fonctionnement ou des services externes d’appui administratif spécialisés en petite enfance.
En optimisant les pratiques, les coûts reliés aux erreurs, aux pertes de temps, d’argent et de crédibilité compenseront pour les coûts de réaménagement et d’utilisation de services experts externes à l’organisation.
Les organisations qui offrent des services à l’enfance sont expertes en pédagogie, pas en administration. Misons sur notre expertise en petite enfance et confions plutôt les tâches administratives à des professionnels en administration.
Nous avons besoin de vos commentaires au sujet de nos outils de communication sur le secteur de la petite enfance.