Auteure : Lise Lamoureux, facilitatrice pédagogique à l’AFÉSEO

Les jeux aventureux et les apprentissages

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Note :  Cet article est paru en 2019 par le Centre d’excellence francophone. Sa pertinence demeure, et nous avons cru bon le faire paraître à nouveau. Bonne lecture!  

Oui, encore une fois, je retourne dans mon livre à moi, mais cette fois-ci, je vais aller piger dans mon livre de souvenirs. Lorsque, je m’arrête et que je me rappelle tous ces jeux qu’on peut appeler risqués, dangereux et aventureux, auxquels j’ai participé et que j’ai initiés, je n’en garde que de beaux souvenirs.  On dit de nos jours que l’environnement est le 3e éducateur dans la vie des enfants, mais dans mon livre à moi, il a toujours joué ce rôle. 

Petite, j’allais à l’extérieur et le monde m’appartenait. Je pouvais grimper dans les arbres, monter sur des parois de cinq à dix pieds de hauteur, courir sur des poutres : il n’y avait rien pour m’arrêter.  Le souvenir qui me revient, c’est « Quelle belle vue, quelle belle liberté! ». 

Bien sûr, je suis tombée plus souvent qu’à mon tour, mais je me relevais et je recommençais, toujours avec des techniques mieux calculées. 

Qu’est-ce que j’étais en train d’apprendre? 

Je partais à l’aventure pour aller jouer sous le pont, au coin de chez moi. Je découvrais des têtards, des grenouilles, des crapauds aussi laids les uns que les autres et des petits ménés. Je me questionnais: « Quelle est la différence entre une grenouille et un crapaud?  Est-ce que les ménés vont devenir de gros poissons? Pourquoi il y a comme un tapis vert sur les roches et qu’elles sont si glissantes? ». Combien d’hypothèses je me suis faites dans la tête et que j’ai pu explorer et expérimenter. 

Qu’est-ce que j’étais en train d’apprendre? 

Le potager de mes parents devenait ma cuisine et mon spa. Je mélangeais de l’eau avec de la terre et je préparais les plus belles tartes et gâteaux de la paroisse. Je me faisais des bains de boue avec l’odeur non thérapeutique, mais tout aussi naturelle. Sûrement que j’en ai mangé un peu, mais toute bonne cuisinière doit goûter avant de l’offrir aux autres! 

Qu’est-ce que j’étais en train d’apprendre? 

Je pouvais construire ce que je voulais.  Je pouvais utiliser la majorité des outils de mon père : le marteau, les clous, les tournevis, les vis, la scie et j’en passe. Il est certain que je me suis cognée, pincée, visée et éraflée les doigts et les mains.  Comment j’aurais appris à manipuler ces outils si je n’avais pas eu la chance d’expérimenter? 

Qu’est-ce que j’étais en train d’apprendre? 

Un danger : quelque chose que l’enfant ne voit pas ; un défi : un risque que l’enfant perçoit et qu’il choisit ou non d’affronter.

À l’école, aux récréations, je jouais comme les autres sur un carrousel et des balançoires en métal. Eh oui, j’ai eu mon tour, d’avoir la jambe prise sous le carrousel, je tombais sur les genoux à essayer de courir autour pour embarquer, je me suis fait frapper le bord de la tête par le siège des balançoires à quelques reprises. À l’hiver, je jouais à « En bas du Canada » les plus forts restaient en haut de la butte de neige et poussaient les autres en bas. Je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort; l’objectif était de réussir à rester en haut. 

Qu’est-ce que j’étais en train d’apprendre? 

Aujourd’hui, j’ai quelques cicatrices qui me montrent que j’ai eu la chance d’apprendre en expérimentant, en explorant et en poursuivant mes enquêtes dans mon environnement.  Tous ces beaux souvenirs m’amènent à dire que j’ai vécu une enfance formatrice.  Mon caractère, ma personnalité, se sont construits tout au long de ces apprentissages. J’ai appris à résoudre des problèmes, à m’auto-réguler, à être résiliente, à bâtir des relations, à me faire confiance et surtout, à être autonome. 

Je suis consciente que la société a changé durant les dernières décennies.  Cependant, un enfant est toujours un enfant.  Il a besoin d’apprendre du monde et avec le monde qui l’entoure par ses propres expériences. On a tous et tout apprises à marcher, à tomber et à mieux tomber pour que ça fasse moins mal. 

Je vous laisse en vous posant deux questions auxquelles vous pouvez réfléchir en tant que personnel éducateur ou en tant que parent. 
 
Est-ce que la surprotection et l’élimination de tous les défis que l’on retrouve dans l’environnement procureront à l’enfant les outils nécessaires pour surmonter les contraintes qu’il affrontera tout au long de sa vie?   

Pourra-t-il avoir un jour des souvenirs aussi tangibles que les personnes qui ont eu la chance d’expérimenter les jeux aventureux?

Dites-moi et j’oublierai.  Montrez-moi et je comprendrai.
Faites-moi participer et je me souviendrai.
Confucius

Publication originale : par Lise Lamoureux 28 juin 2019

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