« Le jeu est une expérience fondamentale de l’être humain, sans laquelle il ne saurait y avoir de culture ou d’éducation véritable. » Thomas de Koninck (philosophe)
Ce court texte propose une introduction au vaste sujet de l’éducation et du jeu. Il serait faux de croire que l’on peut couvrir tous les aspects de cette large question si brièvement. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter les ressources additionnelles ou à nous demander un autre article sur le sujet.
Tous celles et ceux qui ont eu la chance d’observer des enfants jouer savent à quel point le jeu est un moteur d’apprentissage puissant, mais ça ne s’arrête pas là. Le développement de connaissances et de compétences par le jeu n’est pas limité aux tout–petits. Le penseur Huizinga va même jusqu’à renommer notre espèce Homo Ludens (l’homme ludique) dans son fabuleux essai Homo ludens, essai sur la fonction sociale du jeu. Le jeu serait l’une des grandes particularités, mais aussi une motivation pour l’être humain. Le jeu comme base de notre culture et par le fait même de notre éducation.
On le voit de plus en plus dans notre société, que ce soit sur les bancs d’école, à des fins de formations, pour le marketing avec l’avenue de la ludification ou encore tout simplement pour le plaisir, les jeux ont envahi le monde des adultes.
Le jeu possède une capacité unique, celle de nous faire vivre des expériences extérieures à la réalité dite sérieuse, tout en nous permettant de nous prendre au sérieux.
C’est un contexte parfait pour l’apprentissage en tout genre. Cela nous permet d’expérimenter des comportements sans subir de conséquences dans notre vraie vie. C’est ce que Huizinga appelle le cercle magique du jeu.
Imaginons un groupe d’adultes voulant s’adonner à un jeu de société. Ils s’installent autour de la table et ouvrent le jeu. Quelques minutes plus tard, leur « vraie identité » a disparu, ils ne sont plus monsieur Untel ou madame Unetelle, ils sont de grands banquiers voulant conquérir le marché de l’immobilier, ils sont des généraux à la tête d’une armée en pleine guerre, ils sont des détectives à la recherche d’un meurtrier.
Cette transformation s’est opérée sans douleur, sans friction et sans questionnement, grâce au concept du cercle magique. Ils se sont fait absorber par le jeu dans lequel ils peuvent vivre des expériences qu’ils n’oseraient jamais essayer dans « le vrai monde ».
Ce vrai monde si sérieux qui ne pardonne pas.
Dans « le vrai monde », nous avons peur de prendre des risques et peur de faire des erreurs. Pourtant, faire des erreurs est l’un des moyens les plus efficaces d’apprendre, c’est d’ailleurs le résultat de nombreuses études en neuroscience. Le jeu offre un environnement sécuritaire qui favorise l’apprentissage et permet de faire des erreurs sans conséquence, autre qu’une cuisante défaite !
Cependant, le jeu n’est pas non plus un outil miracle qui permet d’apprendre n’importe quoi à n’importe qui. L’éducation est un concept large qui ne saurait se réduire à une seule voie, il faut donc utiliser l’apprentissage par le jeu lorsque c’est le plus approprié.
Le marché et nos systèmes scolaires sont inondés de jeux dits « éducatifs » dans lesquels le plaisir a été complètement évacué afin de faire place à la matière pédagogique. C’est là l’une des plus grandes erreurs de l’utilisation du ludique dans l’apprentissage.
Pour que l’on puisse tirer profit de l’avantage de l’apprentissage par le jeu, il faut que le jeu reste un jeu, alors, une activité volontaire basée sur le plaisir. Il vaut généralement mieux de créer un jeu agréable qui transmet 5 % de ce que l’on veut transmettre qu’un jeu qui contiendrait 100 % et qui ne serait pas joué parce qu’il ne serait pas agréable.
Comme nous l’avons vu plus tôt, le jeu permet de s’évader et de s’échapper. L’apprentissage par le jeu est quelque chose que l’on attrape au vol plutôt que quelque chose qu’on se fait enfoncer dans la tête. Il faut miser sur la répétition du jeu pour que les acquis se transmettent. C’est l’une des grandes forces du jeu, on peut amener des gens à apprendre sans qu’ils ne s’en rendent compte ou qu’ils n’aient à faire beaucoup d’efforts tant et aussi longtemps que l’on offre une réelle expérience ludique et non une activité pédagogique déguisée en jeu.